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RAPPORT DE L'?QUIPE DE PAIX EN IRAK () SUR D'?VENTUELS CRIMES DE GUERRE (ET
DES RENSEIGNEMENTS CONNEXES) LORS DE L'ATTAQUE MEN?E PAR LES ?TATS-UNIS
CONTRE BAGHDAD
26 mars 2003
Le 26 mars à 15 h, Kathy Kelly et une journaliste italienne, Juliana, se
sont rendues en voiture dans une section du nord de Bagdad parce que Juliana
venait d'apprendre (par une dépêche de l'agence Reuters) qu'un marché avait
été bombardé près du centre d'achats du Ministère du Commerce. Environ trois
pâtés de maison plus loin que le centre d'achats, elles ont vu deux pâtés de
maison de deux étages noircis et endommagés des deux côtés de la rue mais où
rien n'indiquait un impact direct d'une bombe ciblant un immeuble
particulier. Elles ont compté treize voitures qui avaient été complètement
démolies. Il y avait deux cratères peu profonds de chaque côté de cette
intersection. Un autre journaliste a suggéré qu'il avait pu s'agir d'une
bombe antipersonnel. La bombe avait frappé à environ 13 h aujourd'hui.
DOMICILE DE LA FAMILLE NAEEMI
Le 25 mars, plusieurs membres de l'?PI, dont Jooneed Jeeroburkhan, ont
visité la maison de deux étages en briques jaunes de la famille Naeemi, dans
le quartier Al Khadra de Bagdad-Est, un quartier essentiellement
résidentiel. La maison avait été frappée par une bombe vers 19 h 30 samedi
soir, au troisième jour d'un bombardement états-unien ininterrompu. La bombe
avait frappé le mur gauche de la maison en laissant un énorme trou dans un
des murs de la chambre des enfants, deux frères âgés de sept et neuf ans. Le
plancher de la pièce s'était effondré; il ne restait du plancher de béton
que quelques tiges de fer pendant au-dessus de la pièce du bas.
Le potager du terrain d'à côté était couvert de briques et de débris. Deux
bananiers avaient été sectionnés par la déflagration. Le pare-brise d'une
voiture rouge stationnée devant la maison avait volé en éclats. ? l'
intérieur de la maison, des plantes en pot reposaient encore sur l'escalier
de béton mais des livres et des jouets tirés des pièces endommagées étaient
empilées dans un coin en haut de l'escalier. Des lits de bois brisés et d'
autres meubles avaient été placés devant la maison pour permettre le
ramassage des débris, en particulier le verre brisé. Selon Samir Mahmood
Ahmad, 60 ans, dont la maison adjacente avait subi d'énormes crevasses aux
murs, sa famille et la famille Naeemi conversaient ensemble dans une autre
pièce lorsque la bombe a frappé. Madame Ahmad et Madame Naeemi sont sours.
Nous avons toutes et tous réussi à sortir par la porte. Heureusement,
personne n'a été blessé mais les enfants sont en état de choc. Ils sont
maintenant terrorisés par le moindre bruit. Mon beau-frère les a amenés
vivre avec des parents et d'autres enfants, » a dit Samir.
Des témoins nous ont dit que les débris des bombes avaient déjà été enlevés
par les forces de sécurité de l'armée, « au cas où ils contiendraient du
matériel radioactif ».
MAISON DE FERME DE NAHRAWAAN
Le 25 mars, plusieurs membres de l', dont Jooneed Jeeroburkhan et d'autres,
ont rendu visite à une ferme dans le district de Nahrawaan, près du pont de
Diyala au nord-est de Bagdad. La maison de ferme avait été frappée par une
bombe lundi après midi vers 16 h 05, au cinquième jour des raids de
bombardement et de l'invasion états-unienne de l'Irak. Trois personnes
avaient été tuées sur-le-champ. Il y avait une fillette de huit ans, Fatea
Ghazzi, une jeune mariée de seize ans, Nada Abdallah, et une femme de vingt
ans, la sour de la maîtresse de maison.
Huit personnes avaient été blessées par du verre fracassé, du shrapnel et
des débris projetés par l'explosion. Elles souffraient de graves lacérations
à la tête, aux bras, aux jambes, à la poitrine et aux flancs, selon la
docteure April Hurley, de l'?PI, qui était au département d'urgence de l'
hôpital Al Kindi de Bagdad lorsque les personnes blessées y ont été
conduites. Elle est retournée à l'hôpital mardi pour rendre visite aux
victimes et pour recueillir des faits à leur sujet. "Le jeune marié, à la
fin de la vingtaine, n'arrivait pas à cesser de pleurer, non à cause de ses
blessures mais à cause de la perte de sa jeune femme, a dit la docteure
Hurley. Un jeune garçon, Amer, compte parmi les blessés, mais il s'en
sortira", a-t-elle ajouté. Selon les voisins, qui sont accourus dans la
maison lorsque nous y sommes arrivées le mardi, la maison appartenait au
fermier Ajmi Abdullah Ahmad, qui y recevait deux familles de Bagdadis,
venues prendre un peu de repos après les bombardements de la ville par les
?.-U. Une de ces familles était le couple de nouveaux mariés, de passage en
lune de miel. Ahmad Ajmi, le fils âgé de dix-sept ans du fermier, avait été
le seul à sortir sain et sauf de la maison. Il a dit qu'il était sur le
chemin de terre battue qui passe devant, en surplomb des champs
environnants, lorsque la bombe a frappé la maison. "Il était 16 h 05 et tout
le monde prenait le thé dans le salon de la salle à manger, au
rez-de-chaussée, après les prières de l'après-midi. J'ai entendu l'
explosion, me suis retourné et ai vu le plancher d'en haut d'effondrer et
les débris tournoyer dans un nuage de poussière. Puis j'ai entendu les
hurlements," a-t-il dit, encore ébranlé par cette expérience.
Un voisin, Kahtaan Hassan Salmaan, a dit que les batteries de DCA irakiennes
avaient tiré sur et probablement atteint un avion états-unien lors d'un raid
de bombardement. Un autre avion qui suivait le premier a ensuite largué
trois bombes, dont une a frappé directement la maison, les deux autres
tombant plus loin dans les champs. Le toit d'une grange attenante à la
maison s'est effondré, tuant la vache qui était attachée à l'intérieur.
Les traces du sang des victimes constellent le sentier allant de la maison à
l'endroit où on les a embarquées à bord de véhicules pour les conduire à l'
hôpital d'Al Kindi. Les cercueils de bois fabriqués pour transporter les
morts reposent encore sur la plate-forme maculée de sang d'un camion ouvert.
Là encore, aux dires des témoins, les débris de la bombe ont été enlevés par
les forces de sécurité pour prévenir les "risques de radioactivité". On a
trouvé sur ce site une petite boîte carrée d'aluminium percée de trous sur
laquelle se lisait le mot VOLEX.
QUARTIER R?DIDENTIEL-COMMERCIAL MIXTE DE KARADAT MIRYAM
Le 24 mars, plusieurs membres de l'?PI ont été emmenés voir des sites
récemment bombardés. Ces sites comprenaient un pâté entier d'immeubles dans
le quartier Karadat Miryam, qui comprenait des immeubles de trois et quatre
étages avec des établissements commerciaux au rez-de-chaussée, surplombés de
logements résidentiels. On ne pouvait voir aucun site militaire ou
gouvernemental dans les environs. La presque totalité des fenêtres, des
cadres de fenêtre et des grilles de fer censées les protéger avaient été
arrachés à tous les étages. Là où les terribles explosions qui avaient
provoqué autant de dommages avait probablement causé au moins quelques
blessures.
MAISON DE DEUX ?TAGES DANS LE QUARTIER HADY-AL-KHADRA
Le 24 mars, une équipe de l'?PI s'est rendue à une maison qui avait subi l'
impact de ce qui semblait être un missile. Il s'agissait d'une maison de
deux étages dans le quartier de Hady-Al-Khadra. L'arme avait pénétré par le
toit et atterri dans une pièce du deuxième étage, qui semblait être une
chambre à coucher. On pouvait encore voir sur le mur ce qui ressemblait à
une affiche de vedette pop. L'équipe n'a pu rencontrer aucun membre de la
famille qui habitait la maison au moment de l'attaque; ils et elles vivaient
maintenant chez des membres de leur famille. Un frère du propriétaire nous a
fourni un compte rendu, qui sera bientôt traduit de l'arable au français. Il
a dit que l'arme avait frappé vers 19 h 30 samedi le 22 mars au moment où la
famille soupait ou s'apprêtait à le faire. Les gens n'ont pas subi de
blessures graves même s'il y avait huit personnes dans la maison à ce
moment.
H?PITAL ALYARMOUK - 23 MARS
Le 23 mars, plusieurs membres de l'?PI, dont Doug Johnson, Robert Turcotte
et Jooneed Jeeroburkhan, se sont rendus à l'Hôpital Alyarmouk. Cet hôpital
universitaire d'enseignement, un des plus grands et plus modernes en Irak,
est un des trois centres médicaux préparés par les autorités pour recevoir
les victimes de l'attaque états-unienne. Les deux autres sont les hôpitaux
Al Mansur et Al Kindi. Plusieurs médecins et chirurgiens, y compris des
?tats-Uniens, sont à Bagdad pour offrir leurs services à ces hôpitaux dans
le contexte de la guerre.
Une des patientes était Rahab Wedad Mohammad, 25 ans, qui venait de sortir d
'une chirurgie sous anesthésie générale dans la section féminine de l'
hôpital. Sa joue droite était enflée et son avant-bras droit enveloppé de
bandages. Selon la chirurgienne, il avait fallu lui recoudre des tendons,
des nerfs et des vaisseaux sanguins.
En réponse à nos quetsions, on nous a dit que Rahab était chez elle, dans le
quartier résidentiel de Hayy Jamiya, lorsqu'une bombe était tombée tout
près. C'était samedi soir, le 3e jour des bombardements états-uniens, et
elle avait reçu des éclats d'obus qui lui avaient sectionné des tendons du
bras droit.
Sur le lit d'en face reposait tranquillement Zaha Seheil, une fillette de
six ans. Son médecin nous a dit qu'elle avait été frappée dans le dos. Une
blessure à l'ne dorsale l'avait rendue paraplégique.
Dans la section masculine de l'hôpital, nous avons vu Rusul Salim Abbas, 10
ans, que des éclats d'obus avaient blessé à la poitrine et à la main droite,
vendredi soir, au moment le plus intense d'un bombardement continu de quatre
heures. « Il était en train de fermer la porte lorsqu'il a été frappé, »
explique son père, Salim, assis au bord du lit.
Salah Mehdi, 33 ans, marchait dans la rue samedi soir dans le quartier
résidentiel d'Amariya lorsqu'un missile a explosé près de lui. « J'ai
simplement vu une énorme boule de feu et j'ai perdu conscienec, » dit-il
avec difficulté. Des éclats d'obus l'ont blessé à l'estomac, à la main
droite et à l'oreille droite.
Sur le lit d'à côté se trouve Omar Ali, 12 ans, un des 12 membres de sa
famille à avoir subi des blessures vendredi soir dans le quartier
résidentiel d'Al Shorta lorsqu'une bombe est tombée à deux pas de leur
maison. Un peu lus loin, Majid Mahmoud, 57 ans, père de deux enfants, blessé
dès le premier soir du bombardement de Bagdad et Hussein Jassim Fleh, 36 ans
et père d'une jeune fille, blessé samedi soir au dos, aux jambes et aux
bras.
Ces blessures sont-elles attribuables aux missiles américains ou à la chute
d'obus antiaériens tirés par les forces irakiennes? Compte tenu des
conditions délicates de nos visites dans ces hôpitaux et de l'absence d'
éléments d'analyse balistique, il est difficile d'identifier les causes
réelles de ces blessures et des milliers d'autres présentement traitées dans
des hôpitaux de tout le pays. « Quelle que soit l'origine des éclats, Bush
doit en porter l'entière responsabilité en raison de sa décision d'imposer
cette guerre à l'Irak. S'il ne l'avait pas fait, ces personnes n'auraient
pas été blessées, » a dit un journaliste de la télé irakienne qui filmait
les personnes blessées.
Les membres de notre délégation ont pu photographier certaines des blessures
infligées.
QUARTIER R?SIDENTIEL SITU? ENVIRON DEUX P?T?S DE MAISONS ? L'OUEST DE LA RUE
DU PONT DU 14 JUILLET
Le 22 mars, Stewart Vriesinga et Wade Hudson ont fait le tour d'un quartier
résidentiel environ deux pâtés de maison à l'ouest de la rue du 14 juillet,
entre les rues Amar Bin Yasir et Jamiaa. Ils ont passé à côté d'un cratère d
'une profondeur d'environ trois mètres au milieu d'une large artère à deux
voies reliant ces deux rues. La circulation en direction ouest était
bloquée. Il sont vu de grands jardins de part et d'autre de ce cratère mais
aucun immeuble en vue. M. Mohammed, le principal chauffeur de l'?PI, a dit
que ces jardins n'étaient pas des parcs publics mais des jardins privés
associés à des domiciles personnels. Une de ces maisons appartenaient à un
de ses oncles. Tout près, sur la rue Jamiaa, beaucoup de maisons plus
petites avaient perdu toutes les vitres de leurs fenêtres avant, sans doute
en raison de l'explosion de la bombe qui avait créé le cratère. Bien que cet
incident ne suggère pas de forte possibilité de blessures à des civils ou de
dommages graves à l'infrastructure civile, elle démontre une fois de plus
que certaines bombes soit ne frappent pas les cibles visées, soit visent des
cibles non militaires.
QUARTIER R?SIDENTIEL-COMMERCIAL MIXTE
Le 22 mars, April Hurley, Zehira Houfani et Robert Turcotte ont vu, à
quelques pas d'une rue dont les édifices semblaient être des bureaux du
gouvernement, tout un pâté d'unités résidentielles-commerciales mixtes dont
la presque totalité des fenêtres avaient été détruites.
NOTE: Des photos documentant la plupart de ces rapports peuvent aussi être
envoyées. Nous espérons pouvoir bientôt les afficher sur un site Web
(www.iraqpeaceteam.org ou www.nowar-paix.ca).
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