L'ÉQUIPE DE PAIX POUR L'IRAK | RAPPORTS | Messages pour |
Rapport Baghdad, Irak
Robert Turcotte
15 mars 2003
Ce matin je devais aller dans un hôpital pour
rencontrer des enfants et
le
personnel mais nous n'avons pas reçu les autorisations
d'usage. Pour
chaque
action ou visite nous devons obtenir des autorisations
du ministère des
Affaires étrangères. En début d'après midi nous allons
faire un
pique-nique
avec le personnel d'une station de traitement d'eau
qui dessert un
important
hôpital de Baghdad et le quartier environnant. Ce
dernier avait été
épargné
lors de la guerre du Golfe ce qui ne fût pas le cas
pour plusieurs
autres.
Le responsable nous fait visiter l'ensemble des
installations et
accepte que
nous prenions des photos seulement à l'intérieur d'un
bâtiment.
Interdiction complète à l'extérieur. Nous mangeons
près d'une série de
pompes. Je lui demande la permission de photographier
le groupe
puisque
nous sommes dehors et il accepte même si les pompes
sont en arrière
plan.
Sur le chemin du retour à l'hôtel, nous apercevons une
des nombreuses
marches pour la paix organisée par diverses
organisations dont une par
les
boucliers humains. Arrivé à l'hôtel, la rue est
barrée à la
circulation
pour une marche en cours à l'autre extrémité. Quelque
peu frustré de
ne pas
avoir participé à aucune marche internationale je
décide de me rendre à
celle-ci même si les autres membres n'ont pas le même
désir. Je me
contente
de rester sur le bord de la rue pour observer car il
n'y a que des
Irakiens
et Irakiennes de tout âge. Les gens se déplacent par
groupes de
différentes
organisations et je ne peux lire les messages des
banderoles ni
comprendre
les slogans car tout est en arabe. Pour cette raison
je préfère rester
à
l'extérieur car j'ai l'impression que certains groupes
sont pro-guerre.
C'est une réalité ici. Plusieurs souhaitent cette
guerre dans l'espoir
de
pouvoir retrouver une vie normale et le droit à leur
dignité. Ils
espèrent
que la guerre permettra la levée des sanctions.
Depuis le début des
sanctions économiques cette population meurent un peu
à tous les jours.
Je
suis généreux en disant un peu lorsqu'on sait que
50,000 personnes en
grande
majorité des enfants meurent par année faute de soins,
de médicaments,
d'alimentation, de froid et autres. Alors que tous
avaient accès aux
études
jusqu'à l'université maintenant, une majorité
abandonne après le
primaire
pour réussir à gagner quelque sous pour nourrir la
famille. Nous avons
rencontré des gradués d'universités réduis à vendre
des brosses à dents
et
autres babioles sur le bord de la rue pour survivre.
Mes déplacements
quotidiens dans la ville me permettent de constater
l'ampleur des
effets
dévastateurs de ces sanctions approuvées par l'ONU.
Des centaines de
commerces sont fermés, des édifices complets à
l'abandon, d'autres en
décomposition par manque de moyens pour les
entretenir, les véhicules,
en
très grande majorité des taxis et des autobus, sont
rapiécés juste ce
qu'il
faut pour tenir la route. Dire que cette ville était
très moderne et
prospère avant la guerre du golfe. Depuis onze ans
c'est une autre
forme de
guerre permanente qui amplifie la souffrance et qui
tue à tous les
jours.
On peut ne pas être d'accord avec le gouvernement en
place mais ce
n'est pas
une raison de s'attaquer à cette population civile qui
ne demande qu'à
vivre
dans la dignité et en paix. Nous sommes tous en
partit responsable
puisque
nous permettons à l'ONU d'appliquer ces sanctions
économiques sans
réclamer
qu'elles cessent.
Ce soir nous avons notre réunion habituelle de
l'équipe pour recevoir
les
dernières informations internationales sur cette
menace de guerre et
pour
discuter des activités à venir. ? mi-réunion nous
recevons les deux
responsables des Affaires étrangères qui gèrent notre
présence ici.
D'abord
ils voulaient voir la tête des nouveaux arrivants et
nous souhaiter la
bienvenue. Tous avons droits à des questions.
Certains demandent plus
de
latitude pour nos visites dans des endroits publiques,
d'autres
voudraient
pouvoir rencontrer plus de familles ou passer plus de
temps avec celles
déjà
connues. Ils répondent que chaque cas sera étudié
mais qu'il ne faut
pas
s'attendre à beaucoup plus. Ils nous informent qu'il
est possible que
le
nombre de nos présences soit réduit pour que l'ont
soit regrouper dans
deux
hôtels plutôt que trois pour s'assurer de notre
sécurité compte tenu du
contexte de plus en plus critique. Ils assurent
qu'ils feront tout
pour que
l'on soit protégé en cas d'attaque car ils disent être
responsables de
tous
les étrangers qui sont dans le pays présentement et
qu'ils ne désirent
pas
être accuser de pas s'en occuper adéquatement. Je
demande s'il est
possible
que le président du pays accepte d'ouvrir les
frontières à tous les
pacifistes internationaux désireux d'être ici pour
protéger les civiles
par
leurs présences. J'insiste sur l'urgence de la
situation en précisant
que
s'il y a 300,000 soldats à l'entrée du pays se serait
important et
efficace
qu'il y ait 2 à 300,000 volontaires internationaux à
l'intérieur et
autour
de Baghdad. De cette façon nous pourrions éviter les
bombardements
pendant
le temps des négociations et ainsi épargner toutes les
vies humaines
puisque
nos vies semblent avoir plus de valeurs que celles des
Irakiens. Ils
me
demandent où logerait tout ce monde. Je réponds dans
des tentes et que
ce
ne serait pas un problème. Mon insistance semble les
embarrasser et
ils
reviennent sur l'aspect sécurité qu'ils ne pourraient
garantir. Par la
suite ils nous informent que les boucliers humains
dépendent d'une
autre
administration et qu'une partie de leurs frais sont
payés par l'état.
Ce
qui n'est pas notre cas car nous défrayons tous nos
frais et que nous
sommes
considérer comme des visiteurs.
16 Mars 2003
Ce matin 6 membres de l'équipe se rendons dans un
hôpital pour notre
teste
de sida obligatoire à tous les étrangers qui demeurent
plus de une
semaine
dans le pays. Personne auparavant n'a reçu de
résultats de ces testes.
Nous croyons que ce n'est qu'une façon de collecter le
$ 50.US par
personne
qu'il en coûte. Il faut préciser que nous n'avons
payé aucune taxe à
la
frontière. Quatre d'entre nous allons visiter un
autre hôpital tandis
que
April et moi sommes désignés pour aller faire des
achats dans un marché
public et ainsi montrer notre présence dans la ville.
Notre chauffeur
décide d'aller stationner la voiture sur le bord du
Tigre et de nous
faire
traverser le fleuve en barque pour épargner du temps
compte tenu de la
densité de la circulation. Le marché déborde de
monde. April, étant
médecin, sélectionne tout le nécessaire manquant pour
les premiers
soins en
cas d'attaque. Nous achetons des vivres en boîtes et
un peu de
nourriture
sèche pour une semaine dans l'abri de l'hôtel. Ce ne
sont pas les
produits
qui manquent dans cet immense marché mais l'argent.
Les gens n'ont pas
les
moyens d'acheter à part le stricte nécessaire.
L'argent du pays, le
dinar,
a dévalué de plus de 3000% depuis le début de
l'embargo. Actuellement
nous
avons 2600 dinars pour $1.US. Il n'y a pas de monnaie
et n'y a que des
billets de 250 dinars. On se promène toujours avec
une grosse pile de
billets, ce qui n'est pas pratique. Notre arrêt dans
une banque nous a
permis de voir des montagnes de billets à l'intérieur
de chaque
guichet.
? 14h nous allons assister à la conférence de presse
d'une délégation
asiatique des Philippines, de l'Indonésie, de la Corée
et du Pakistan.
Ils
annoncent leur présence en solidarité avec cette
population, dénoncent
l'embargo et cette menace de guerre. Après qu'ils ont
terminé et
s'apprêtent à quitter la table de conférence je
m'avance aux micros des
médias et j'annonce que j'ai un message à faire au
président Saddam
Hussain.
Je demande, en mon nom personnel, au président
d'ouvrir les frontières
aux
milliers de pacifistes désireux d'être présent pour
que les vies
humaines
soient épargnées. J'exprime haut et fort ce que
j'avais dit hier aux
fonctionnaires dans l'espoir que ce message se rende
jusqu'au
président.
Après mon intervention je vais m'excuser auprès de la
délégation pour
avoir
profiter de leur conférence. Tous me félicitent et un
délégué, Ussin
U.
Amin des Philippines me remet sa carte et me dit qu'il
désire que
j'aille
dans son pays pour étendre cette idée. Ils m'invitent
à leur souper
rencontre de ce soir pour que j'aille expliquer mon
projet à leurs
invités.
Ce que j'ai fait. Une personne du Danemark, une
d'Angleterre et une
autre
d'Australie désirent mes coordonnés pour que l'on
puisse développer ce
projet.
L'annonce du départ de plusieurs inspecteurs de l'ONU
ne laisse
présager
rien de bon. Environ 200 pacifistes et 100 boucliers
humains de plus
d'une
trentaine de pays sont déterminés à ne pas quitter le
pays pour pouvoir
témoigner des violations des droits humains qui seront
commises pendant
et
après cette attaque. Un maximum de preuves sera
accumulé pour pouvoir
poursuivre les responsables.
Robert Turcotte
Irak Peace Team Canada
Pour me rejoindre :
Andalus Apartments, chambre 202 Tél. : 719-2303 ,
718-4290
Ou
|