L'ÉQUIPE DE PAIX POUR L'IRAK | RAPPORTS | Messages pour |
REFLECTIONS D'UN MEMBRE D'UNE AUTRE EQUIPE de PAIX POUR l'IRAK
Les Choses ne sont Pas ce Dont Elles en ont l'Air. Je m'attendais à
voir un cratère brûlé dans la terre, du béton fracassé, des signes
décombreux de destruction. Au lieu, nous arrivèrent à un immeuble de
couleur sable d'une propreté immaculée. Bien qu'il soit encombrant et
n'ait aucune fenêtre, beaucoup de soins avaient été consacrés à son
intégration au voisinage. L'entrée était démarquée par une serie de
voûtes plaisantes, une muraille de formes géométriques en pastel au
côté. Si j'avais été au Canada, je l'aurais pris pour un aréna. Ceci
était le refuge Amirya de Baghdad, partie d'un réseau de 34 refuges
anti-bombes construits durant la guerre Iran-Irak. Ce fut ici, le 17
février 1991, que deux `bombes intelligentes' (smart bombs)
américaines incinérèrent 408 personnes. Nous pâssames sous les
voûtes, traversèrent un portail massif qui rappelait l'entrée d'un
coffre-fort, et entrâmes dans une caverne noire infernale. J'en avais
des picotements dans le dos du cou. Puis je la vis, sur le plafond
aperçu dans les photos, une déchirure de lumière ovale qui se
déversait dans le noirceur à travers un rideua de métal déformé. La
lumière éclairait un cratère d'asphalte explosé et de poutres
brisées. ? mesure que mes yeux s'habituaient à la pénombre, les
particularité de cette horreur commençèrent à émerger: des restes
maganés de systèmes électriques et de ventilation pendaient du
plafond; des taches noires où les dos, les bras et les jambes des
femmes et des enfants endormis furent carbonisés dans le plancher;
des pilliers massifs de béton dépuoillés jusqu'au squelette; des
images fantômatiques d'êtres humains cautérisées dans les murs; ici,
notre guide nous indique la silhouette d'une tête, d'une épaule, d'un
coude replié: une femme tenant son bébé. Les bombes furent livrées à
4 heures du matin. Selon un journaliste de l'Associated Press, la
plupartdes corps que l'on parvint à récupérer étaient mutilés et
incinérés jusqu'a être méconaissables. ? l'intérieur, endroit
d'agonie, d'atrocité, d'horreur,d'holocauste. ? l'extérieur, un
immeuble comme les autres. Les choses ne sont pas ce dont elles ont
l'air. Ne Buvez Pas l'Eau! Ma personne préférée en Irak est Hassan.
Il a dix ans. Chaque jour, lorsque j'étais à Baghdad, il cirait mes
souliers en échange de 500 dinars, soit 24 sous. Le double du prix
courant (l'on nous a dit de ne pas en donner plus). Ses mains
étaient expertes, prenaient la brose, le vernis, et un linge comme
s' il accomplissait la tâche la plus importante au monde. Il
conversait joyeusement: ce qu'il ne pouvait pas dire avec la poignée
de mots anglais qu'il connaissait, il le disait avec ses bras, ses
mains, et ses yeux. Un autre membre de l'Equipe de Paix en Irak, un
prêtre de l'université Notre-Dame, avait donné une balle de soccer à
Hasssan. Les affaires allaient lentement, et par hasard je me
promenais dans le coin. Hassan m'invitaà jouer avec lui. Sur le
trottoir il y avail un tube en plastique qui sortait du sol: une
réserve d'eau publique. Le jet d'eau était arrêté là où le tube
avait été replié sur lui-même par du ruban électrique adhésif noir.
Un policier à genoux avait déballé l'adhésif et remplissait une
caraffe d'eau pour laver sa voiture de patrouille. Un Hassan assoiffé
couru vers le policier qui teint le tube pour que Hassan puisse
boire. Il but goulument, et se dépêcha de revenir en courant pour me
voler la balle. Cet après-midi, nous rencontrèrent notre la personne
du gouvernement qui s'occupait de nous, M. Wadah, l'officier du
Ministère Etranger responsable de notre sécurité et d'approuver
notre itinéraire. La toute première chose qu'il nous dit
fut: `'S'il vous plaît, vous ne devez pas boire l'eau. elle n'est
pas bonne pour nous. Vous ne devez boire que l'eau en
bouteille.''Mort par Diarrhée. Le jour d'avant, nous étions allés à
un hôpital. Le Dr. Ahmed, directeur assistant de l`Hôpital
d'Enseignement Pédiatrique Central Saddam, nous amena à l'une des
salles de l'hôpital. Chaque chambre de la salle avait huit lits. Sur
cahque lit se trouvait un enfant étendu ou assis. Chaque enfant se
faisait surveiller par une femme, mère, grand-mère, ou tante. Le Dr.
Ahmed nous amena vers un lit ou il n'y avait pas d'enfant. Seulement
une couverture frippée reposant à la tête du lit. `'Un bébé de six
mois'', nous dit-il, Œfut amené ici la nuit dernière, souffrant de
diarrhée. Elle est morte ce matin de déshydratation.' Il y avait une
vieille femme, une grand-mère, assise sur le lit à ôté de la
couverture, ses mains impuissantes pliées sur ses genoux. Soudain je
me sentis malade. la couverture dissimulait un enfant mort. Le Dr.
Ahmed demanda à la grand-mère s'il pouvait nous montrer le bébéé Elle
acquiesça et se plaça sur le lit voisin. Il retira la couverte. Elle
gisait là, la petite Azhar, couchée sur le côté, son visage figé sur
son dernier souffle. Ses yeux étaient ouverts, ses traits émaciés,
craniens, dépourvus de couleurs.il y avait une couche mince de
sécretion blanchâtre autour de ses lèvres. Des doigts minuscules
doucement recroquevillés en poingt. ³ S'il vous plaît, si vous
voulez, vous pouvez prendre des photos.² dit le Dr. Ahmed. Personne
n'en pris. De chance,il la recouvrit avec le drap. La vieille femme
fixait le vide, ne bougeit pas. Dès le début de l'an 2001, l'Unicef à
signalé que le taux de mortalité des enfants Irakiens de moins de
çinq ans a augmenté de 160% depuis 1990, la plus haute augmentation
de tous les 188 pays sondés. 13% des enfants Irakiens n'atteignent
pas leur çinquième anniversaire. Une étude de l'ONU faite en avril
2002 trouva que la diarrhée, qui cause la mort par la déshydratation,
et les infections respiratoires aigües sont responsables de 70% de
la mortalité infantile en Irak. L'enfant typique Irakien subit 14
épisodes de diarrhée à chaque année. En 1990, 95% des foyes urbains
et 75% des foyers ruraux avaient accès à l'eau potable. Vers 1996,
tous les systèmes de traitement d'égouts Irakiens étaient brisés, et
300 000 tonnes de déchets d'égout purs sont quotidiennement déversés
directement dans l'eau fraiche. ŒL'eau n'est pas bonne pour nous.' De
l'eau sale. Dysentérie. Diarrhée. Mort. Prenez une photo. Voilà à
quoi ressemblent les sanctions en Irak. Une Arme de Destruction
Massive Durant la Guerre du Golfe, les Etats-Unis lachèrent 60 000
tonnes de bombes sur l'Irak, ciblant de manière délibérée le réseau
électrique, les barrages, et les centrales d'énergie.
75% des installations de production d'électricité furent
partiellement ou entièrement détruites. Des hôpitaux, des systèmes
d'irrigation, des centrales de traitement d'eau, toute
l'infrastructure civile du pays fut handicappée par les effets
secondaires immédiats de la guerre. Le Washington Post cita un
officier du Pentagone faisant preuve d'une rare franchise le 23 juin
1991: `'Les gens disent vous n'avez pas reconnu le fait que les
sanctions ont fait effet sur l'eau et les égouts. Et bien,
qu'essayions-nous de faire avec les sanctions, aider le peuple
Irakien? Non. Ce que nous essayions de faire avec les attaques était
d'accélérer l'effet des sanctions.'' Les sanctions font effet.
Des milliards de dollars sous la forme de contrats civils sons
suspendus: les soins dentaires, la production de lait, l'équipement
contre les, incendies, les citernes d'eau, les crayons, les journaux
académiques, les fournitures médicales, ce qui inclus les
stérilisants, les centrales d'oxygènes, les incubateurs, l'équipement
de soins cardiaques, les vaccins pour nourissons contre l'hépatite,
le tétanos et la diphtérie. Il est impossible de trouver de
l'aspirine ou des antibiotiques. Le Dr. Ahmed nous a dit que la
glycérine, un médicament pour le coeur, était limitée parce qu'elle
pouvait être utilisée pour fabriquer des bombes. `'On ne sait pas si
on doit se mettre à rire ou à pleurer lorsque l'on entend ces
choses'', dit-il. 90% des Irakiens compte sur des rations mensuelles
pour survivre. La moitié des foyers sont forcés à vendre une partie
de cette ration pour ajouter un supplément à leur revenu. Dans le sud
de l'Irak, un enfant sur çinq est tellement sous-alimenté qu'il ou
elle à besoin de nutrition spéciale thérapeutique. L'UNICEF signale
que 5000 enfants meurent par mois à cause des sanctions: 750 000
depuis 1990. Le Ministère Irakien d'Education dit que 23% des enfants
âgés de 6 à 15 ans travaillent dans la rue pour augmenter le revenu
familial. Cinquante pourcent des écoles ne sont pas propices à
l'enseignement. L'économie Irakienne est en train d'être étranglée,
et par le fait même les Irakiens ordinaires aussi. Avant la guerre du
Golfe, un dinar Irakien valait trois dollars Américains. Maintenant,
selon la journée, un dollar vaut 2 500 dinars. Seulement le plus
essentiel des essentiels à de la priorité. Chaque parc que j'ai vu
était une ruine négligée. J'ai rencontré une femme nommén Amal, qui
fut forcée d'abandoner son emploi d'enseignante à l'école primaire
parce que le coût du trajet pour aller au travail était plus élevé
que son salaire. Avant la guerre, elle gagnait 450$ américains par
mois. Quand elle démissiona, elle gagnait 5$ par mois. Son mari
Samir gagne 7$ par mois à la mosque du quartier. Il survivent parce
qu'Amal, une artiste douée, travaille toute la nuit sur ses
peintures. En tant que mère de trois enfants, c'est le seul temps
libre d'interruptions qu'elle a. Pour joindre les bouts, les gens de
classe moyenne comme Amal et Samir liquident leurs actifs à des
marchés à l'air libre: livres, linge, meubles, appareils ménagers,
vendant tout ce qu'ils ont pour survivre jusqu'au prochain mois.
Sang Pour du Pétrole.
Cette souffrance n'a pas été apparente pour moi immédiatement. Au
début, les choses n'ont pas l'air d'aller si mal. Baghdad bourdonne
comme toute autre ville de six millions d'habitants. Les gens
s'habillent comme il se doit, se portent avec la tête haute, mènent
leurs vies avec grâce et humour. L'hospitalité des gens est
invincible. `'Vous êtes les bienvenus'' nous disent encore et encore
les gens, toujours avec chaleur et sincérité. Je n'ai vu aucune
image stéréotypique d'une société du tiers monde qui s'effondre;
bidons villes, des déchets humains dans les rues, des mendiants
vêtus de loques. Les mendiants que l'ont retrouve dans l'espace
d'une heure à l`heure de pointe à Toronto sont de loin plus nombreux
que ceux que j'ai vu au cours des douze jours que j'ai passés à
Baghdad.
Les choses ne sont pas ce qu'elles semblent à première vue. Cela a
pris du temps, mais graduellement j'ai commencé à percer la façade
de mes premières impressions, de voir la souffrance de Hassan; Azhar,
Amal, et Samir; Omar, trois ans, sa tête ayant atteint la grosseur
d'un ballon de basket, se mourant d'une tumeur cérébrale provoquée
par l'uranium diminué; Cameron, 42 ans, qui pleure tout en me
parlant de ses 10 années de service dans l'armée, survivant je ne
sais comment à la guerre Iran-Irak et à la guerre du Golfe, assez
chanceux pour avoir un emploi en tant qu'employé de bureau d'un
hôtel,trop vieux pour retourner à l'école, trop pauvre pour se marier
et avoir une famille, partie d'une génération perdue de femmes et
d'hommes. On dirait que tout le monde à une histoire à partager, une
tragédie à supporter. Le peuple Irakien est pris dans lefilet d'un
axe du mal à trois têtes. D'un côté, le totalitarisme de Saddam
Hussein. De l'autre, l'étranglement implacable qu'exercent les
sanctions internationales, qui menacent un peuple entier de génocide
économique.
Et, par-dessus tout, la Damocles de la guerre. Des bombes
intelligentes, des bombardements tapis, des bombes missiles, des
bombes en grappes, des bombes à pulsations expérimentales. Un autre
sillage d'uranium diminué, de cancer, et de défauts de naissance qui
durera 4.5 billion d'années. Une autre génération de vies et de
membres perdus, de pleurs sans fin. Lesley Stahl de `Sixty Minutes'
posa la question suivante à la Sécrétaire d'Etat Madeleine Albright
en 1996. ³Nous avons entendu dire qu'un demi million d'enfants sont
morts. Je veux dire, ça dépasse le nombre d'enfants qui moururent à
Hiroshima. Est-ce que le coût en vaut la peine ? La réponse
d'Albright: Je pense que c'est un choix difficile, mais que le prix
en vaut la peine ?
Cette guerre n'est à propos ni de Saddam Hussein, ni du stock supposé
d'armes de destruction massive. Cette guerre est tout simplement à
propos du pétrole. Le CEO de Chevron, Kenneth T. Derr dit en 1998,
dans un discours au Club du Commonwealth à San Francisco, que l'Irak
possédait des réserves de pétrole immenses, auxquelles il aimerait
beaucoup que Chevron puisse accéder. Le Général Anthony C Zinnini,
commandant en chef de la Commande Centrale des EU, à témoigné que la
région du olfe est un vieil intérêt vital pour les EU, et que ces
derniers doivent avoir accès aux ressources de la région. Albright,
Derr, et Zinnini sont tous d'accord: le prix en vaut la peine. Mais
je me demande. Est-ce que leur analyse de coûts et de profits
changerait s'il sortiraient de leur salle de conférence et de guerre
pour aller jouer un peu avec Hassan, ou pour s'asseoir pendant un
bout de temps avec la grand-mère d'Azhar? Les choses ne sont pas ce
qu'elles semblent être.
DEUXIEME MESSAGE
? travers la ville, les fenêtres sont en train d`être barricadées.
Jusqu'à date seulement quelques-unes. Les gens les ont couvertes avec
du carton. C'est pour qu'elles n'explosent pas lors des
bombardements. Depuis janvier, le gouvernement donne le double des
rations alimentaires. 60% de la population Irakienne depend des
rations gouvernementales. Quand la guerre commencera, le programme de
distribution ne fonctionnera plus. Tout comme en 1991, la nourriture
se fera rare et trop dispendieuse pour tous sauf les plus riches. Le
gouvernement à donné des rations doubles pour que les gens puissent
faire des réserves. Notre responsable gouvernemental Zayd a pu faire
des réserves de bouffe grâce à ce programme Mais les gens pauvres ont
dû les vendre pour pouvoir joindre les bouts. L'archevêque Kassab,
qui est à la tête de l'église Catholique à Basra, à sermonné à propos
du courage. Il espère que cela aidera les gens à faire face à la
guerre imminente. Il a aussi essayé de créér des liens avec les
dirigeants Musulmans pour que la guerre ne déclenche pas de la
violence entre les religions comme elle le fit en 1991. Imam Abdul
Amir qui appartient à la plus grande église de Basra a fait appel à
la une solidarité entre Musulmans pour défendre le pays. Il a
enseigné à son groupe de s'attaquer à la guerre avec une attitude de
confiance envers Dieu. La volonté de Dieu, même si c'est la mort,
doit être accepté en tant que volonté de Dieu. Des étudiants
Yémenites ont donné du sang. Quelques-uns ont aussi prêté sermen de
défendre l'Irak contre une invasion étrangère. Ils ont été en train
de s'entrainer. La plupart de cuex qui le peuvent quittent le pays.
Le bureau des passe-ports est très occupé ces jours-ci. La Jordanie
nelaisse pas entrer dans le pays les jeunes hommes d'âge millitaire,
et en refuse beaucoup d'autres. Mais le vieil homme à l'hôtel Al
Monzer en Amman a réussi a passer, et il attend sa visa en Amman pour
pouvoir rejoindre sa femme en Suède. Ahmed veut partir, mais il ne
peut pas. Il a une boutique et sent qu'il ne peut pas l'abandoner. Le
personnel internation des ONG sont en train d'acheter des guides de
voyages pour la Jordanie. Il quitteront bientôt l'Irak. Les Médecins
Sans Frontières sont en train d`établir un service ambulancier. Ils
sont aussi en train d'essayer de se procurer des fournitures
médicales pour soigner les blessés de guerre et les centaines de
milliers de gens qui tomberont sûrement malades à mesure que l'eau et
d'autres nécessités de base se feront rares. Suite à une décennie de
sanctions, le système médical en Irak est très fragile. MSf s'attend
à un désastre. Notre amie Amal est en train d'essayer d'approvisioner
de l'argent. Elle vend des peintures, donne des lessons d'ordinateur,
et coud du linge. Apparemment l'argent est une des choses les plus
utiles que l'on puisse posséder durant une guerre.
Elle pense aussi quitter la ville. Elle pense que la campagne sera
plus sécuritaire que la ville pour ses trois enfants, Adeer, Omar, et
Ali. Essam planifie encore son départ. Il espère tenir la première
exposition en solo de ses peintures à la fin du mois. Il n'est pas
sûr du déroulement. Les réserves millitaires font des parades.
Quelques-uns des millitaires n'ont que 16 ans. Ils marchent aux côtés
des hommes, se préparant pour la bataille. L'Equipe de Paix en Irak à
amené un téléphone satellite. Quand le système de communication
défaillera, ils veulent être capables de dire aux gens du reste du
monde se qui se passe en Irak. C'était difficile de demander aux gens
ce qu'ils faisaient pour se préparer à la guerre. Souvent nous ne
l'avons pas fait, alors ceux-ci ne sont que quelques-unes des
manières selon lesquelles les gens de l'Irak se préparent à la guerre.
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