L'ÉQUIPE DE PAIX POUR L'IRAK | RAPPORTS | Messages pour |
Rapport IPT Canada
Mardi 26 mars 2003
6ème jour de la guerre. Les bombardements ont été
moins intenses ces deux derniers jours comparativement
aux jours précédents. Il faut dire que l'Iraq est en
ce moment enveloppé par une tempête de sable provenant
du sud. Phénomène rare d'après les Iraqiens. Après les
brouillards de fumée noire, Bagdad est une ville
rouge. Ce climat semble favoriser la défense
iraquienne, notamment en brouillant la précision des
lasers, infrarouge et autres équipements de l'armée
américaine.
Depuis le début des bombardements les membres de IPT
ont sillonné la ville de Baghdad avec de nombreuses
visites aux hôpitaux et aux sites détruits par des
missiles. Pour la seule journée de vendredi, l'Hôpital
Yermouk a reçu 108 victimes, en majorité des femmes et
des enfants.
Dimanche le chiffre des victimes civiles pour la ville
de Baghdad était évalué à 417 dont 142 blessés et 275
morts. Ce chiffre est en constante évolution puisque
les frappes sont de moins en moins précises. En
l'espace de quinze minutes, alors que nous attendions
devant l'hôpital Al Kindi, quatre véhicules
transportant des blessés sont arrivés à toute vitesse.
En se renseignant sur les victimes nous avons appris
qu'elles venaient du Nord-Est de Baghdad, du quartier
Nhrawane. La plupart des victimes ont été bombardées
dans leur propre domicile. Plus tard, nous sommes
allés voir une maison qui venait d'être bombardée en
plein cour d'un quartier résidentiel où il n'y a aucun
édifice gouvernemental ni infrastructure militaire à
des kilomètres à la ronde.
Le lendemain Robert s'est rendu à l'extérieur de la
ville dans une zone rurale où il apprend que les
victimes de l'hôpital El Kindi provenaient de cette
ferme. Dans la maison bombardée il y a eu huit blessés
et trois personnes décédées dont une jeune femme de 16
ans qui s'était mariée la semaine dernière. Deux
familles vivant dans Baghdad s'étaient réfugiées sur
cette ferme pour être en sécurité.
Zehira pour sa part a visité les 2 hopitaux Yermouk et
Al-Kindi où elle a recueilli des informations sur les
victimes civiles des derniers bombardements. Les
membres de IPT continuent de vivre dans le camp
implanté sur une station de traitement des eaux,
située à proximité de l'hopital El Mansour. Dans le
cadre de cette action, les membres ont pu nouer des
relations avec les populations locales. De nombreuses
familles les ont invités chez elle et pour les
remercier de leur soutien.
Mardi, Lisa et Zehira sont allées prendre des
nouvelles d'une famille, demeurant à proximité de la
station de traitement des eaux. Depuis le début de la
guerre, les écoles sont fermées et les enfants,
effrayés par les bombardements, vont et viennent dans
la maison comme des oiseaux blessés. Ibtissem, la mère
trouve auprès des membre de IPT un réconfort et le
soutien moral dont elle a grand besoin.
Aujourd'hui le 26, Robert s'est rendu sur un site où 7
maisons privées ont été détruites par un missile
dimanche à 19 heures. Elles sont situées tout près de
l'hopital Yermouk, dans le district Al-Quadisiyeh.
Par miracle, seulement 2 personnes ont été blessées,
un jeune homme de 27 ans et sa mère de 66 ans.
L'impact a produit un trou de 8 mètres de profondeur
et 41 mètres de diamètre. Quant aux propriétés, toutes
les maisons ont subi d'importants dommages, dont l'une
s'est complètement désintégrée. Heureusement, 4 des 7
maisons n'étaient pas occupées par leurs propriétaires
qui avaient fui Baghdad avant les bombardements.
Pour communiquer avec l'équipe IPT Canada,
Lisa Ndejuru , chambre 401, hotel Andalus, tél.
7192303 ou 7184290
Zehira Houfani, chambre 401, hotel Andalus, tél.
7192303 ou 7184290
Robert Turcotte, chambre 202, hotel Andalus, tél.
7192303 ou 7184290,
Pensées de Lisa Ndejuru
Je vous renvoie ceci, pas sûre que vous làyez reçu.
Lisa
Eh oui ça a bombardé..Je ne rêve pas, je suis assise
ici au café internet du palestine, et deux chaises à
gauche il y a une jeune journaliste russe. On s'est
regardé. Point d'interrogation, puis on se l'est
confirmé. Tout le monde tappe plus vite. Je ne sais
pas d'ou vient le coup c'est un peu comme le tonnerre.
Tout vibre.
L'équipe de paix est fantastique tout le monde font un
maximum de ce qu'ils font d'habitude. Les visites à
l'hopital, à l'orphelinat, chez les familles pour voir
si tout le monde tient le coup. Si tout le monde va
bien.
Kathy est allée voir la soeur de sa copine Um-Hayder,
qui vit avec sa maman un peu agée ici à Baghdad. La
maman aimerait que Kathy vienne s'installer avec eux,
elle croit que la famille serait moins en danger. Elle
est toute agitée "where I hide Where I hide? »
Une partie de l'équipe est sous les tentes à l'usine
de traitement d'eau Al Wathba. Le complexe est dans un
cartier résidentiel et une vingtaine de personnes du
quartier sont venus les rejoindre la nuit. Ils ont
chanté ensemble presque toute la nuit.
April, la médecin cherche à se joindre à une équipe
d'urgence soit avec le croissant rouge ou medecins
sans frontieres ou la islamic relief agency.
Nous avons fait un tour rapide de la ville, il y a des
endroits qui fument encore. ?a sera très difficile
pour les américains d'éviter les morts civiles. En ne
comptant pas les dégats de la nuits passée il y avait
54 morts et une vingtaine de bléssés. La nuit passée
n'a aucune mesure avec ce qui a eu lieu avant. Les
statistiques doivent être pires.
Wade travaille a obtenir les permissions pour faire le
tour des urgences des hopitaux et avoir les coudées
plus franches pour le monitoring des crimes de guerre.
J'ai suivi cette formation, comme celle des premiers
soins mais je ne sais pas encore ou je veux me placer.
Pour tout de suite j'absorbe l'énormité de ce qui se
passe.
J'ai le cou qui se hérisse. J'ai appris a compter la
dessus. je sors d'ici.
Je vous embrasse
Lisa
23 mars 2003
La guerre est une lente danse. A slow dance whith an
unknown outcome. Nothing like uninterrupted
newscoverage on TV.
Comme pour l'amour au cinéma, il manque les temps
morts, les coups de coude, l'inélégance. L'éternelle
histoire du fromage et du trou.
Je ne sais pas pour vous mais pour moi c'est plus
lent, mais plus terrible peut-être que ce que j'avais
compris.
Je vois une armée comme un corps. faire corps. Un
corps composé décomposable, l'air, l'eau, le feu, la
terre et le metal. Structuré et fluide à la fois, fort
et fragile.
Engager le combat c'est obliger l'autre à réagir
Je vois un cavalier fort, insistant. Il la veut, elle!
Elle qui refuse. Il pousse, encore. Non!.non!
Il l'attrape et l'oblige. Au pied du mur elle dansera,
du mieux qu'elle peut, elle lui en mettra plein les
yeux. Jamais elle ne se rendra.
Elle aussi est faite de feu, et d'air de métal et de
terre. Et d'eau. Je pleure pour elle.
Son père le lui avait bien dit. « ton arrogance te
nuira, tu ne peux pas sans arrêt en faire à ta tête,
soumettre tout le monde à tes moindres caprices. Le
caprice est le propre des dieux! » Elle avait rit à
l'époque « c'est parce que dieu aussi est une femme !
»
Comment ne pas la croire. Elle avait tout pour elle.
La fille ainée d'une vieille famille Riche et belle et
sensuelle. Intelligente, caractérielle, cruelle même
selon certains.
Elle lui avait tapé dans l'oeil. Il ne lui avait pas
déplut. C'était le plus fort, le plus grand, le plus
puissant.
Au début il venait chargé de cadeaux et rempli de
sollicitude. Et elle lui servait le thé, le recevait,
le régalait d'histoires, de gâteries de cadeaux, de
dattes. Ils mangeaient avec apétit, riaent à pleines
dents, s'entendaient à merveille : grands, tous les
deux, beaux, puissants.
« ?pouse moi », avait-il dit. Elle avait rit. « Je
t'offre mon nom, partage mes joies, mes droits, mes
peines ». « Tes dettes oui », souriait-elle « pourquoi
ne pas continuer comme nous étions maintenant, toi tes
affaires et moi les miennes, j'ai d'ailleurs une
affaire sur laquelle j'aimerais ton point de vue ».
Elle était forte en affaire.
Il tremblait de colère. Elle lui échappait. Elle riait
même. Jamais personne n'avait rit de lui. La main
levée, les dents serrées il lui fit une promesse «?a
prendra le temps que ça prendra mais tu viendras à
genoux . Tu viendras me supplier de te reprendre »
Elle l'avait regardé droit dans les yeux : « jamais! »
C'était il y a quelques années. Il fit campagne dans
toute la région. Dans les villages avoisinant plus
personne pas même ses frêres ne voulaient plus faire
des affaires avec elle de peur d'encourir son dourroux
à lui.
Aujourd'hui elle est toujours très belle. Ses mains
portent la trace du temps. Elle reste très droite.
Digne surtout. Moins insouciante. Elle a appris a
faire plus avec moins. Elle n'en veut pas à ses frères
mais aux dires de certains, elle est restée arrogante.
?a faisait des années qu'elle ne l'avait plus vu.
Depuis des années elle ne faisait que résister,
encaisser les coups pendables qu'il lui faisait, un
après l'autre. Elle n'avait pas su qu'il était
rancunier. Elle avait eu raison de ne pas lui faire
confiance. Elle ne pleurait plus mais combien de fois
avait elle crié au ciel de lui donner même un quart
d'heure en sa présence qu'elle puisse lui vider son
coeur, qu'elle puisse lui montrer de quel bois elle se
chauffe, qu'il ait mal lui aussi, qu'il souffre.
Jamais elle ne s'était mise à genoux.
Il est revenu, à bout de patience : « tu cèderas »!
Je vois une armée comme un corps. Un corps composé
décomposable, l'air, l'eau, le feu, la terre et le
metal. Structuré et fluide à la fois, fort et fragile.
Et la guerre comme une danse, lente et terrible.
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Le 24 mars 2003
I've often thought : what if every Iraqi, large or
small, man woman or child, old or young were to go out
into the street and just lay down; all us foreigners
were just to go and lie down with them; and all the
journalists and NGO people; what if everybody were
just to go out and lay down in the streets.
Would Mr. Bush still bomb Baghdad. If the whole world
knew that everybody here was just lying down. Would we
still be having this war?
It would not be surrender, just a simple exercice in
entropy. Would the war machine slow down, or would the
troups still come stepping, rolling, flying over
bodies. pushing shoving, rolling living breathing
heavy bodies out of the way into one big massive
grave.
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