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25 a 28 mars 2003 Rapports
Robert Turcotte
Rapport 25 mars
Robert Turcotte
>Sur le parcours nous pouvoir voir plusieurs édifices gouvernementaux très
>endommagés et des installations militaires complètement désintégrées. Nous
>passons à travers des nuages de fumée noire provenant des tranchées de gaz
>en feu. Nous arrivons dans le district Nhrawane puis atteignons la zone
>rurale sans apercevoir aucune installation militaire ni d'édifices
>gouvernementaux. Nous sommes accueillis par le fils de 16 ans de Azmi
>Abdullah Ammad. Il était à l'extérieur de la maison, à environ 100 mètres,
>quand le missile est venu s'abattre sur la maison familiale. Ses parents
>et deux autres familles de sa parenté, résidents de Baghdad venus
>s'installés ici pour éviter les bombardements, prenaient le thé dans le
>salon, bien tranquilles. Des onze personnes présentes dans la maison, huit
>furent grièvement blessées et trois sont mortes. Parmi celles-ci une jeune
>femme de 16 ans qui s'était marié la semaine dernière. Ces victimes sont
>celles que nous avons vu arriver hier à l'hôpital Al Kindi. Notre présence
>attire les fermiers des environs qui en ont gros sur le cour et les mots ne
>manquent pas pour exprimer leurs rages au point où notre interprète ne
>fourni pas dans les traductions « Nous étions pour la paix mais cette
>attaque nous donnera le courage de combattre pour défendre nos frères et
>sours » « Bush doit payer pour nos morts et nos blessés, c'est un assassin
>» Nous aurions pu croire qu'ils puissent s'en prendre à nous mais c'est
>tout le contraire. Ils nous remercient à maintes reprises d'être venu
>constater leur malheur et d'être ici avec eux.
>
>Plus je découvre ce peuple plus il m'impressionne par son esprit de
>compréhension, par son respect, par son honnêteté, par sa serviabilité et
>par l'accueil qu'il nous réserve partout où nous allons.
>
>26 mars 2003
>
>Le décor extérieur est très étrange ce matin. L'atmosphère, le sol, les
>arbres, les bâtiments, les voitures, tout est brun autour de nous. Un vent
>de forte intensité transporte du sable et une pluie fine qui se collent au
>moindre contact. Notre chauffeur qui nous conduit vers un autre site
>m'informe qu'il n'a pas vu ce phénomène depuis six ans et que c'est
>extrêmement râre. Selon lui, le déplacement des tanks et des hélicoptères
>dans et au-dessus du désert soulèverait le sable dans les airs et le vent
>le transporte jusqu'à nous; explication logique ! Sur le bord d'une rue
>nous apercevons un homme, enveloppé d'un drap blanc sur lequel est écrit NO
>WAR, qui s'est enchaîné à un arbre. On me dit que c'est un Turque et qu'il
>est là depuis deux semaines.
>
>Ha Yoo, membre de IPT de Séoul, une photographe de l'Angleterre, Jooneed et
>moi arrivons dans le quartier résidentiel de Al Qadisiyeh sur un site situé
>à quatre rues derrière l'hôpital Yarmouk. Cette fois c'est la grosse merde
>qu se présente à nous. Sept magnifiques maisons, si on se fit au
>voisinage, presque entièrement détruites sauf une qui laisse un trou béant
>à sa place. Au centre, le missile a creusé un cratère de huit mètres de
>profondeur et de quarante-deux mètres de circonférence. Un voisin nous
>raconte que cinq des maisons étaient vides car les propriétaires ont quitté
>la ville il y deux semaines et qu'il y avait deux familles pour un total de
>quatorze personnes dans les deux autres maisons. Les gens présent à notre
>visite crient au miracle car il n'y a eu que deux victimes avec des
>blessures relativement mineures. Hashim Abdul Dayem, cousin et neveu des
>victimes, raconte que sa cousine est étudiante vétérinaire et quelle
>gardait des lapins derrière la maison pour ses études et que tous sont
>morts. Son cousin et sa tante sont à l'hôpital Yarmouk et insiste pour que
>nous allions les visiter, ce que nous feront. Après avoir pris quelques
>photos nous allons à l'hôpital. Nous rencontrons Hashim Abdul Dayen, 27
>ans, étudiant, blessé au pied et à la jambe droite. C'était dimanche à
>19h, il était sortit de la maison pour se rendre chez le deuxième voisin
>alors qu'il a aperçu une grosse lumière rouge et a entendu un bruit puis
>s'est retrouvé étendu par terre. Abasourdi et réalisant qu'il ne pouvait
>se porter sur une jambe il s'est traîné par terre pour aller voir l'état de
>sa mère. Cette dernière, Halima, 66 ans, a eu une coupure sous l'oil droit
>et un choc nerveux. Il nous remercie de notre visite et accepte que nous
>le photographions.
>
>Notre chauffeur, escorte et interprète du jour, Talib Aldulaymi, s'exprime
>en anglais et en français. Un gars très sympathique avec qui j'ai des
>jases intéressantes et très enrichissantes.
>
>Au retour nous rencontrons sept nouveaux arrivant de l'équipe Christian
>Peace Team venu se joindre à IPT. Un des gars de Vancouver, Jim Douglas, a
>participé à une des mes tribunes lors du sommet des Amériques. Il raconte
>que l'autoroute entre la frontière de Jordanie et Baghdad a été bombardé à
>plusieurs endroits, ce qui les obligeaient à quitter la route pour pouvoir
>passer. Ils ont croisé des militaires américains qui les ont insultés et
>intimidés en montant sur le capot de la voiture.
>
>April nous raconte qu'au moment où elle était dans un hôpital plusieurs
>blessés sont arrivés dans un autobus. Un autobus de 45 passagers en
>provenance de la Syrie a d'abord été obligé d'arrêter en vitesse car un
>missile venait de faire sauter un pont. Au moment où des passagers
>descendaient de l'autobus pour se mettre en sécurité un autre missile a été
>lancé direct sur l'autobus, blessant une vingtaine de personnes et tuant
>huit personnes. Tous des civils irakiens. Un calvaire qui continue.
>
>27 mars 2003
>
>Martin, Zéhira, Sang Jin et moi partons avec notre chauffeur Omar pour
>aller documenter le secteur commercial du district de Al-Shaab, sur la rue
>Abitalib. Des gens racontent avoir vu une longue tracée blanche dans le
>ciel puis deux missiles explosés avec 5 secondes d'intervalle entre chacun.
> Environ une trentaine de commerces au rez-de-chaussée avec deux étages de
>logements au dessus et une quinzaine de voitures ont été bombardés hier à
>11h30. Jusqu'à présent on dénombre 25 morts et 45 blessés, tous des
>civils. Le propriétaire du restaurant Edilime, Imad Aisa Ali, a perdu 3
>employés, Abou Hassan, 45 ans, père de 5 enfants, Sabah Noury, 28 ans,
>Malikt Hanoud, 17 ans et 2 clients sont morts aussi. Le chauffeur d'une
>voiture a été tué et deux jeunes garçons grièvement blessés, Safa Isam, 17
>ans et Marouan 12 ans. Le fait qui revient le plus souvent parmi les
>personnes interrogées est ce bébé qui fut éjecté d'un logement, la tête
>sectionnée du corps et qui a monté très haut dans les airs. Rahee Sabeer,
>étudiant au nursing collège, me raconte avec beaucoup d'émotions l'horrible
>scène que nous avons sous les yeux; L'étendu des dégâts causés aux
>édifices, les voitures complètement décomposés, le cratère causé par un
>missile, les objets éparpillés partout et le sang séché sur des murs qui
>témoigne de la perte de vies humaines.
>
>Nous quittons ce secteur dévasté pour se rendre dans le distrit Al Tijjar
>où la maison de la famille Muheed a subit d'important dégâts et fait 3
>blessés graves dont un jeune garçon de 6 ans, Ccasar. L'école secondaire
>pour jeune fille située de l'autre côté d'un mur qui longe la maison a été
>bombardée par les pierres de la maison qui volaient de partout. Les
>fenêtres ont volé en éclats ainsi que toutes celles de 9 maisons des
>alentours.
>
>Je commence à croire que la déception des ricains de ne pouvoir atteindre
>leurs objectifs les poussent à se venger sur la population civile car
>depuis quelques jours le nombre de crime de guerre ne fait qu'augmenter.
>Ils n'aident pas leur cause en tuant des civils car ils ne font
>qu'augmenter la rage parmi la population qui ne voulait pas participer à
>cette guerre. S'ils n'arrêtent pas bientôt ils auront les 27 millions
>d'habitants sur le dos qui seront prêt à mourir pour sauver leur peau. Il
>est urgent que toute la population internationale trouve un moyen pour les
>arrêter avant que l'on assiste à un génocide d'une ampleur dont on ne peut
>s'imaginer
>
>Je termine mes visites du jour chez madame Amal, une amie de IPT qui a reçu
>plusieurs délégations chez elle dans sa luxueuse demeure d'une quinzaine de
>pièces avec un grand jardin sur le bord du fleuve. Toutes ses fenêtres et
>baie vitrées ont volé en éclats et plusieurs de ses beaux tableaux se sont
>décroché des murs pour se briser sur le plancher. La tempête d'hier n'a
>pas arrangé les choses avec tout le sables qui été soufflé dans la maison.
>J'ai un peu plus de difficultés à m'apitoyer sur son sort après les visites
>précédentes mais, elle est tout de même une victime que je respecte. Elle
>nous invite à prendre le thé chez sa famille d'accueil. M. Qusay Akram
>Jabbar en profite pour faire une leçon d'histoire et de morale à Martin
>d'origine américaine. Il trouve inacceptable cette conquête du monde
>entrepris par les Américains, il la compare à Albert Le Grand qui avait
>voulu faire la même chose.
>
>Les bombardements qui avaient été ralentis avec la tempête reprennent de
>plus belle ce soir. ? deux reprises pendant que j'écrivais ces lignes j'ai
>levé de ma chaise tellement ils étaient de fortes intensités.
>
>Aucun appel des médias cette nuit, une première depuis que je suis ici.
>
>28 mars 2003
>
>La réunion de ce matin ne nous apporte pas de nouvelles très reluisantes.
>Dès le départ, notre représentant du gouvernement nous annonce que
>dorénavant nous ne pourrons plus sortir après 18h sans permission spéciale
>et sans escorte sinon nous serons immédiatement arrêté et conduit à la
>frontière. Nous avons l'autorisation de se déplacer entre les deux hôtels
>voisins entre 18h et 22h, maximum.
>
>Les quelques réfugiés qui étaient dans les camps reviennent pour se battre.
> Ils ne peuvent accepter les conditions offertes et surtout les tueries de
>civils.
>
>Basrah, une ville du sud qui compte 6 millions d'habitants, n'a plus
>d'électricité ni d'eau potable. L'aéroport est aux mains de Américains
>mais la ville est loin de l'être puisqu'une forte résistance serait en
>place.
>
>La fenêtre de la maison de notre représentant du gouvernement ont volées en
éclats à 7h ce matin alors
>qu'il se lavait. Trois centres de communications ont été détruits hier
>soir et cette nuit. ?a veut dire plus de téléphone ni d'internet. Allo le
>monde, ça ne va plus ! Je ne sais pas quand ce sera possible d'entendre
>vos voix ou de vous lire; Pour bientôt j'espère. Zéhira, Jooneed et
>Mickel sont allés visiter les sites des centres de communications où
>plusieurs personnes seraient décédées et d'autres blessées. Le décompte
>n'est pas terminé car on recherche encore des victimes sous les débris. Il
>n'y aura plus rien à faire avec ces édifices.
>
>Douglas, Charles, Ha Yoo et moi sommes partis pour documenter un autre site
>bombardé le 25 mars à 12h30. Deux maisons entièrement détruites et trois
>autres extrêmement endommagées, dans le quartier résidentiel Ragi Baa à
>Khatoon-Al-Athenia, une ville de banlieue. Six personnes décédées et 20
>blessées qui furent conduit à l'hôpital Al Nooman. Mohammed Al Khateed,
>frère de Achmed Al Khateed le propriétaire du numéro civique 13 de la rue
>no.5 du secteur 320, nous raconte que le missile est tombé sur la maison de
>son frère dans laquelle 3 personnes sont décédées. Kassem Talib nous
>montre les dégâts causés au 14/7/320 où une personne a été blessée.
>Nous observons plusieurs morceaux de missiles trouvés dans les décombres.
>Au moment où nous entendons une détonation tous les petits enfants présents
>à notre visite ont fui à toute vitesse vers leurs demeures.
>Des gens essaient de retrouver quelques effets personnels à travers cet
>amas de pierres. L'auto du proprio n'est plus qu'un tas de ferraille.
(....)
Lâchez pas le combat pour la PAIX !
>? suivre
>
>Robert
>
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