L'ÉQUIPE
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Vendredi 14 mars
C'est vendredi, jour de repos et de prière
pour les Musulmans. Nous nous rendons au marché des livres
usagés dans un quartier délabré, totalement
à l'abandon, laissant transparaître des marques des
bombardements de 1991. Il y a foule.
Tout le long de la rue des marchands offrent des
livres dans différentes langues et d'une très grande
variété de contenus. Nous profitons pour distribuer
des tracs, écrits en arabe, informant des raisons de notre
présence dans ce pays aux gens qui nous observent le plus.
La réaction est spontanée, ils nous remercient de
notre présence et de notre solidarité, nous souhaitent
la bienvenue et serrent la main de Robert et des autres membres.
Les gens sont courtois, polis et offrent de nous
aider en cas de besoin. Certains semblent confient qu'il n'y aura
pas d'attaque. Toutefois on constate une certaine méfiance
entre eux. Les conversations sont de courte durée et ils
regardent toujours autour d'eux comme s'ils craignaient d'être
dénoncés de transmettre des informations. Ce sentiment
me fut confirmé par un étudiant algérien qui
parle très bien français. Il dit qu'on ne voit pas
de militaires, mais qu'il y a plusieurs civils qui travaillent pour
les services de renseignements du gouvernement.
Notre chauffeur de taxi et guide attitré
est vraiment mal à l'aise de nous voir Zéhira et moi
prolonger la discussion en français avec cet étudiant
sans qu'il puisse comprendre la langue. Zéhira lui explique
que c'est un compatriote de même origine qu'elle pour le calmer
un peu. Il dit que c'est pour nous protéger qu'il agit ainsi.
Nous quittons l'endroit pour aller se joindre à d'autres
groupes de pacifistes de l'Espagne, du Mexique, de la Hollande,
de l'Allemagne qui vont lire un manifeste contre la guerre et l'élimination
de populations civiles. Ils sont en place avec banderoles et grandes
affiches devant le site d'un abri antimissile.
C'est le fameux abri d'El-Amiria qui fut construit
pour protéger 500 femmes et enfants pendant les bombardements
de la guerre du golfe en 1991. Les États-Uniens n'ont jamais
voulu croire qu'il n'y avait que des civils dans cet abri. Ils ont
d'abord lancé un premier missile dans la bouche d'aération
pour élargir l'entrée puis un second à l'intérieur.
Des 500 personnes qu'il abritait seulement 4 ont survécu.
Ils se sont bien gardés de publiciser ce massacre comme ils
le font dans toutes leurs guerres. De l'intérieur nous pouvons
observer l'étendu des dégâts. Des photos de
toutes les victimes y sont exposées et un cimetière
se situe derrière l'abri. De nombreux journalistes assistent
à notre manifestation.
Une trentaine d'enfants irakiens sont venus chanter
et crier non à la guerre, non à Bush oui à
Saddam. Nos divers déplacements à travers plusieurs
quartiers de la ville nous permettent de constater une fois de plus,
que rien ne laisse présager une guerre; Aucun militaire en
vue, ni mouvement de blindés ou autres. En observant bien
on peut remarquer qu'à l'intérieur de certains immeubles
des poches de sables sont empilés pour former des abris.
Lors de la rencontre de tous nos membres nous apprenons que les
trois hôtels qui nous hébergent possèdent des
abris antimissile au sous-sol. Aussi, qu'un grand hôtel, voisin
d'un important centre des communications, habritant de nombreux
journalistes et militants, a commencé à être
évacué. En soirée, quatre d'entre-nous allons
à un spectacle de chants arabes dans un petit théâtre.
Martin demande des explications à son voisin de banquette
et ce dernier l'invite à discuter avec lui à l'extérieur.
Il est professeur d'université. Il lui dit que jamais les
autorités nous laisseront sortir du pays dans une boîte
car ils feront tout pour nous protéger.
Zehira Houfani et Robert Turcotte
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