L'ÉQUIPE
DE PAIX POUR L'IRAK | RAPPORTS
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20 mars 2003
Cette nuit, nous avons très peu dormi.
En suivant l'actualité internationale, nous restons accroché
à l'idée d'être bombardés d'une minute
à l'autre. Nous avons reçu comme instruction de ne
pas fermer nos fenêtres et nos portes afin de libérer
le souffle des bombardements et limiter les risques d'explosion
des vitres.
La ville de Baghdad semblait innocente de ce qui
se préparait contre elle, belle est sereine, elle s'étalait
majestueuse sur les rives du Tigre. Ne pouvant dormir, Matin et
moi, nous avons passé beaucoup de temps à discuter
de culture, relation entre les peuples et même de religion.
Nous avons parlé de mon livre Lettre d'une musulmane aux
nord-américaines où j'explique ma vision du monde
en tant que Musulmane et Martin me dit qu'il est très intéressé
à en faire la promotion aux Etats-Unis. Il pense organiser
pour moi des rencontres dans sa communauté afin que je puisse
parler du contenu de mon livre. J'ai promis de lui faire parvenir
une copie en anglais aussitôt que la traduction sera faite
à Montréal.
C'est au petit matin que mon lit se mit à
bouger, sous l'impact des premiers bombardements. April et moi,
nous courûmes au balcon pour voir les explosions. EN quelques
minutes, de nombreux points fumaient à l'horizon. Le palais
présidentiel s'est fait bombardé plusieurs. Un immense
incendie s'élevait dans le ciel, alors que la fumée
noire envahissait tous les alentours. Les bombardements s'intensifiaient,
tandis que la peur des premiers instants s'est transformée
en colère. " Maudits soit Bush! me répétai-je
sans cesse. Mon Dieu, faites que leurs avions explosent en plein
ciel au lieu de larguer leurs bombes sur les populations irakiennes.
" J'entendais April murmurer en anglais : " Jesus, Jesus
". Mais rien n'entrava les frappes américaines, ni ma
colère, ni les prières de Martin et d'April. Le cauchemar
a désormais commencé.
Zehira Houfani
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