L'ÉQUIPE
DE PAIX POUR L'IRAK | RAPPORTS
|
LES
DROITS DE LA PERSONNE A L'AMÉRICAINE
L'élève est parti, le maître l'a remplacé
Il était environ 18 heures, ce dimanche 27 juillet 2003,
quand la famille
El-Birhana quitta son domicile a bord de leur véhicule en
direction de
l'église du quartier, Al-Mansour, Hay Al-Andalous, en plein
centre de
Bagdad.
La famille El-Birhana comprenait la mère et ses deux fils,
Tamer et Mazen,
âgés respectivement de 35 et 27 ans. Tamer conduisait
le véhicule familial
et roulait normalement vers la sortie de la ruelle quand soudain
au moment
de tourner, la voiture fut criblée par les tirs des soldats
américains.
Toute la famille Birhana est tuée sur le coup dans un effroyable
bain de
sang. La voiture qui suivait immédiatement derrière,
avec deux passagers a
bord subit le même sort de la part des soldats américains.
Dans le quartier c'est le choc, la consternation! Par ces temps
de canicule
(plutôt durable), c'est une vraie douche froide qui renseigne
le monde sur
la vraie nature de la mission des Américains en Irak. Droits
de la personne?
Démocratie? Que nenni pour les Irakiens. Ils ne reçoivent
que brutalité,
mépris et humiliation dont la plus flagrante est la fouille
des femmes par
des hommes aux " check point " établis par les
militaires américains un peu
partout dans le pays. Alors que le moindre respect envers le peuple
irakien
aurait commandé aux envahisseurs américains de confier
ce travail a une
femme.
C'est cette meme attitude de mépris qui a conduit les soldats
a tirer sur
des civils irakiens sans aucune sommation ce dimanche 28 juillet.
Personne
ne pouvait comprendre le comportement des militaires américains
dans le
massacre de 5 personnes. Comment peuvent-ils se comporter aussi
sauvagement
avec des gens qu'ils disent avoir libéré de la sauvagerie
de Saddam?
Aucun journaliste n'était toléré sur la scène
du forfait. Avec un brutalité
inouïe, les soldats se sont emparés du journaliste de
la chaîne arabe
El-djazira qu'ils ont embarqué manu militari, avant de fermer
le secteur.
Chose qu'ils auraient du faire au moment d'investir la place pour
soi-disant
attraper le jeune fils de Saddam qu'ils ne trouvèrent pas,
d'ailleurs. Ils
auraient pu épargner des vies innocentes comme la Famille
Birhana.
Dans les minutes qui suivirent le carnage, les soldats emportent
les corps
de la mère, du cadet et des autres victimes, laissant le
cadavre de Tamer
baignant dans son sang sur le coté de la rue pendant plus
d'une heure sous
une chaleur encore accablante.
Les voisins, alertés par les tirs, se retrouvent devant
un spectacle
consternant. "Ya Haram! ", murmure, Laraba, une voisine
d'une quarantaine
d'années en essuyant ses larmes avec le vieux foulard qu'elle
portait sur sa
tête. " Pourquoi est-ce que ces maudits soldats ont fait
cela? C'étaient des
bonnes personnes, une famille chrétienne estimée de
tout le voisinage. En 30
ans, personne n'a jamais eu a s'en plaindre. Ya habibi ya Tamer!
Qu'ont fait
de toi les criminels? Il n'aurait pas écrasé une mouche
", continua Laraba
en ma direction, " regardez comment ils ont éclaté
sa tête! " Dur a voir, la
tête du jeune homme était complètement fracassée
et une partie de sa
cervelle sortait de son crâne.
Quelque deux heures plus tard, il ne restait que le sang séché
des victimes
irakiennes dont on s'acquittera avec un " sorry " officiel
pour une énième
bavure criminelle que personne n'aura a payer. Dire que le père
de Tamer est
parti travailler aux Etats-Unis depuis plusieurs années et
que Tamer
lui-même travaillait comme traducteur pour les forces d'occupations.
Mais
pour ces dernières, il est resté l'Arabe, l'Irakien,
l'ennemi.
Bagdad, le 28 juillet 2003
Zehira Houfani (écrivain et journaliste),
membre du Projet Solidarité Irak de Montréal
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